quinta-feira, 29 de agosto de 2013



Dans quelle mesure le tournage a-t-il apporté des modifications au scénario ? 

La première modification, à mon avis, tient au langage de Sandrine Bonnaire, plus populaire que celui du personnage tel qu'il était écrit. Les scènes, les intentions sont les mêmes, mais Sandrine a utilisé ses mots à elle pour s'exprimer.

Seconde et importante modification : le père ne meurt plus, il quitte simplement sa femme et ses enfants. Pourquoi ? Pour répondre à cette question, je dois évoquer un peu les circonstances du tournage. Avec les assistants qui devaient modifier sans arrêt le plan de travail, parce que rien ne se passait jamais comme prévu (on ne savait jamais ce qu'on allait tourner le lendemain, soit parce qu'un acteur manquait, soit qu'une autre était malade, qu'un rôle n'était pas encore distribué, ou qu'une scène prévue pour ce jour-là avait été tournée la veille…), on disait à Maurice : « Mais, Maurice, attention, il y a la mort du père à tourner, faut la faire !… »

Et Maurice remettait toujours à plus tard. Jusqu'au jour où il nous a lâché : « Mais le père ne meurt plus! Il n'y a plus besoin de tourner la scène. »

Comme il avait décidé de jouer le rôle du père, et qu'il s'amusait beaucoup, il ne voulait pas mourir parce que dans ce cas il n'aurait plus de scène ! Et aussi par superstition : il ne voulait pas jouer le rôle d'un mort ! ….

Et voilà comment le scénario a été modifié. 

Je peux vous dire, étant donné que le scénario était en partie autobiographique, et que la mort du père l'était totalement, que pour moi pourtant c'est une modification qui concerne la forme, et non pas le fond. Personnellement, j'ai vécu la mort de mon père comme un abandon, une trahison presque. Et cette idée impromptue de Maurice, je trouve que c'est une bonne idée, que finalement elle a plus apporté au film qu'une mort…

Autre apport de Maurice au scénario : la scène des fiançailles de la fin qui se termine par l'arrivée du Commandeur, pour ainsi dire… Le début de cette scène est écrit par lui, et la suite, de son arrivée à son départ, est une scène improvisée dont il a été le détonateur.

Il avait préparé son coup sans rien dire à personne. On tournait depuis des heures la scène que vous savez autour de la table de la salle à manger. Au début d'un nouveau plan, il a donné le « moteur ! », puis il a quitté la salle à manger discrètement, en cours de prise, est allé enfiler un imperméable qu'il s'était préparé dans le couloir, et a fait son « entrée en scène ».

Le malaise, donc la justesse, des acteurs, vient de ce que tout le monde, y compris les gens qui étaient derrière la caméra, se demandait ce qui allait se passer. C'est vrai qu'il s'était donné le beau rôle ! Il y a également une scène très belle, écrite aussi par Maurice Pialat, c'est la scène de la fin dans l'autobus, entre le père et la fille. – C'est la scène que je préfère du film, un très beau dialogue.

Entrevista com Arlette Langmann:

Nenhum comentário:

Postar um comentário